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Sage mais pas trop...
5 juillet 2009

"Les saisons de la vie", Isla Dewar

"Il l'adore. Mais elle aussi, elle l'adore. Quand elle l'aperçoit à l'autre bout d'une salle bondée, quand elle voit son visage bien-aimé, elle est tout émue. Parfois encore aujourd'hui, quand il s'avance vers elle, elle se sent fondre. Elle a toujours envie de lui sourire, comme elle lui a souri il y a tant d'années quand il est venu frapper à sa porte avec un panier rempli de légumes. Il avait parcouru près de 200 km avec ce panier, et tout ce qu'il avait trouvé à dire, c'était : "Je t'ai apporté tes légumes. Je te l'avais dit. C'était le marché que nous avions conclu."
Voilà ce qui l'avait fait craquer. C'était un homme qui tenait parole. A l'époque, elle avait bien besoin de cela. Même si, à ce moment-là, l'amour était la dernière chose à laquelle elle pensait. "L'amour, avait-elle dit à Morag, je n'en veux pas. Je n'en ai pas besoin." L'amour, c'était comme un maladie. Ca vous gâchait le jugement. Ca vous rendait vulnérable, on avait peur de ne pas être payé de retour. Ca vous faisait craindre qu'il n'arrive quelque chose à l'être aimé. Ca faisait souffrir. Non, avait-elle décidé, elle n'était pas prête à se lancer là-dedans. "Je crois que le monde marcherait mieux si l'amour n'existait pas", avait-elle déclaré. "Il me semble que c'est le discours de quelqu'un qui a peur de s'engager dans une relation", avait rétorqué Morag, qui s'était dit qu'Iris était en train de tomber amoureuse de Chas. "L'amour, avait insisté Iris, se met en travers de notre chemin. Il nous empêche de réfléchir. Il nous rend nerveux. Il nous freine dans nos élans, il interrompt le cours des événements. On est tout le temps sur la brèche : et si celui qu'on aime s'éloignait ? Non, je répète que le monde entier fonctionnerait infiniment mieux si tous ses habitants se contentaient d'amitié."
Iris pensait ne ressentir pour Chas qu'une solide amitié. Mais en fait, elle ne pouvait se contenter d'amitié, car c'était d'amour qu'elle avait besoin. Et comment ne pas aimer Chas ? C'était un grand réparateur. Il réparait tout. Pas seulement les éviers bouchés, les toits qui fuyaient et les aspirateurs cassés, mais aussi les gens et les situations. D'un regard, d'un sourire, rien qu'en posant sa main sur le bras de quelqu'un ou en disant quelques mots. Ses remarques insolentes - mais jamais insultantes - imposaient d'abord le silence, puis, quand leur sens profond pénétrait les esprits, tout le monde finissait par en sourire. Et tout se terminait bien."

"Iris croyait depuis toujours que chaque individu, à des degrés divers, possédait quelque chose de particulier.Si certaines personnes brillaient de façon évidente, d'autres s'épanouissaient timidement en secret".

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