Mon papillon
Certaines personnes, papillons rebelles,
Attrapent le filet.
Leurs ailes nous touchent mais elles ne nous laissent pas toucher leurs ailes.
Elles qui décident, elles qui prennent peur si on montre trop qu'on les aime.
Il faut les aimer, donc, mais sans trop en avoir l'air, tout doucement.
Mais même comme ça...
Mon papillon s'était posé sur ma fleur bleue.
Mon papillon s'était égaré chez moi et son amour avait l'illusion du goût de toujours.
C'est bon l'illusion du goût de toujours parce que ça a le goût de poésie et de fantaisie.
Il m'avait dit : "Je t'ai aimé".
- Mais pourquoi me parles-tu au passé mon papillon, alors que l'on vient de se rencontrer ?
- J'exprime mes sentiments au passé, pour ne pas qu'ils aient de prise sur moi. Ma condition de papillon me l'impose. Aimer dans le présent c'est se fermer le champ des possibles, et moi je ne veux pas qu'on me prenne ma liberté. Je ne veux pas m'engager à nouveau à l'intérieur d'une étroite chrysalide. Je sais ce que c'est une chrysalide, crois-tu me berner ?
- Mais mon papillon, tu ne peux plus revenir t'enfermer, cela reste du domaine du passé et ne se reproduira plus. Un papillon ne redevient jamais chrysalide, tu le saurais si tu écoutais moins ta peur. Et une fleur bleue n'a ni le pouvoir, ni le désir d'enfermer les papillons. Elle n'est guère qu'un doux nid où tu peux te réfugier entre deux libres explorations de ton monde. Je t'aime.
- Je t'ai aimé".
Et le papillon repartit...