Le père de nos pères, Bernard Werber
"- Suivez-moi bien. Ces dessins qui constituent nos chiffres et que nous utilisons mille fois par jour sans même y réfléchir comportent en eux-mêmes tout un enseignement. Ils ont été inventés par les Indiens. La courbe est signe d'amour, le trait horizontal : d'attachement, et le croisement : de choix.
(...)
- Un... deux... trois... quatre... cinq... C'est curieux. Nous avons les chiffres en permanence sous les yeux, sans penser à y voir d'autres informations qu'en matière de calcul.
- Les gens ne font pas assez attention aux choses qui les entourent, déplora Isidore Katzenberg. Ils fonctionnent selon leurs préjugés et s'imaginent déjà tout savoir."
"La journaliste stagiaire souleva d'un joli geste de la main sa longue chevelure rousse pour mieux relire ses notes.(...)
Isidore Katzenberg fut soudain frappé par la grâce du mouvement de la jeune fille et, à présent, il la regardait, la regardait vraiment, et la trouvait extraordinairement belle. Il perçut différemment son parfum. Il perçut différemment sa présence si féminine. Cette fille est magique, pensa-t-il tout à coup, et il se demanda alors d'où venait cette magie. La réponse s'imposa aussitôt. La vie. Lucrèce Nemrod était vibrante de vie. Son enthousiasme à vivre la dotait d'un éclat spécial. Isidore Katzenberg eut l'impression de tomber dans un précipice infini. Il était en train de s'éprendre de la jeune fille, et cette simple idée l'épouvanta. Lui, le gros éléphant, succombant à la séduction de la frêle souris ? Il n'osait imaginer cette fragile petite chose broyée sous son poids.
- Vous rêvez, Isidore ? s'enquit Lucrèce.
Il ne lui répondit pas et baissa timidement les yeux pour cesser de la trouver extraordinaire."